Passeport sanitaire ou certificat de vaccination : quelles sont les solutions pour voyager demain ?
L’île Maurice et les Seychelles furent les premières, rapidement suivies de l’Islande et d’Israël. Demain, ce seront la Suède et le Danemark… L’idée du passeport vaccinal s’est rapidement propagée pour relancer le tourisme et permettre aux pays d’accueillir à nouveau des visiteurs étrangers.
S’il apparaît être la solution pour revoyager demain, le passeport ou certificat sanitaire soulève de nombreuses questions autour des valeurs d’égalité et de liberté.
Et si le certificat de vaccination ou le passeport sanitaire était au contraire une réponse à notre liberté de circuler, tout en préservant la sécurité sanitaire mondiale ?
Le passeport sanitaire, la solution pour relancer le tourisme international ?
Le certificat de vaccination et le passeport sanitaire sont deux choses différentes. Si le premier existe déjà pour prouver la vaccination d’un individu contre certaines maladies endémiques, le deuxième est un concept né de la situation actuelle.
L’impossibilité aujourd’hui de se déplacer librement, de se rassembler ou encore de se rendre dans des établissements de loisir ou de culture, nous pousse à chercher des alternatives et des solutions pour sortir de sa crise sanitaire inédite.
Aujourd’hui, la disponibilité restreinte du vaccin ne permet pas de mettre en place un certificat de vaccination, sans discrimination. Ainsi, il est davantage évoqué l’idée d’un passeport sanitaire. Qu’il soit papier ou électronique, ce dernier regrouperait plusieurs outils dont le test sérologique et le test PCR, disponible gratuitement en France.
Alors que l’Islande exigera un certificat de vaccination à partir du 1er mai aux voyageurs européens, la Grèce a été un des premiers pays à lancer le débat d’un certificat standardisé et reconnu au sein de l’Europe. L’Italie et l’Espagne, dont les économies sont fortement dépendantes du tourisme, ont également une position favorable à l’établissement d’un passeport sanitaire.
Préserver tourisme et sécurité sanitaire mondiale
L’Organisation Mondiale de la Santé a mis en place en 2005 un Règlement Sanitaire International, afin de renforcer la sécurité sanitaire mondiale. La fièvre jaune est la seule maladie mentionnée dans le RSI, pour laquelle les pays peuvent réclamer une preuve de vaccination.
Et de nombreux pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud, où la maladie circule toujours, exigent un certificat international de vaccination antiamarile pour entrer sur leur territoire. Y compris, la Guyane française qui l’a rendu obligatoire depuis 1967, pour les ressortissants de la métropole.
D’autres vaccins peuvent être requis dans des régions spécifiques. Par exemple, la vaccination contre la méningite est exigée pour les pèlerins se rendant à La Mecque.
Alors pourquoi certains pays ne demanderaient pas une preuve de vaccination contre la Covid, pour protéger leur population locale ?
Au-delà de mesures sanitaires, de nombreux gouvernements ont mis en place des visas, y compris touristiques, pour pouvoir entrer sur leur territoire. Et personne ne s’en offusque aujourd’hui.
La vaccination au service d’un tourisme responsable
Selon un sondage Ifop (paru dans l’édition du 17 janvier du journal Le Parisien), 62% des français se déclarent favorables à la vaccination pour prendre l’avion vers l’international. Alors pourquoi le gouvernement français reste réticent à la mise en place d’un passeport sanitaire ?
D’une part, parce que la population française aujourd’hui vaccinée est inférieure à 2% (date du 21/2/21). D’autre part, parce que le corps médical ne peut se prononcer sur la capacité du vaccin à bloquer les transmissions, ni sur sa durée d’immunité.
Enfin, l’établissement d’un passeport vaccinal engendre une restriction des libertés contraire à nos valeurs. Mais la liberté des uns ne s’arrête-t-elle pas là où commence celle des autres ?
En fermant ses frontières très rapidement, l’île Maurice a été relativement peu impactée par la Covid-19. Et le pays prévoit de vacciner 60% de sa population d’ici fin 2021. Le 22 janvier dernier, son Premier Ministre a annoncé la réouverture des frontières aux seules personnes vaccinées du Covid 19. Pour ce petit pays, qui vit presque exclusivement du tourisme, c’est un véritable enjeu stratégique.
En prenant cette décision, le Premier Ministre de l’île Maurice n’a-t-il pas cherché avant tout à protéger la population locale ?
En 2019, une famille de touristes français non vaccinés contre la rougeole a réintroduit la maladie lors de leur séjour au Costa Rica. Cela a entrainé la vaccination immédiate de 104 personnes sur le territoire costaricien, ayant été en contact avec la famille.
Alors restriction des libertés ou protection de la population locale ?
Le fait est qu’il faut laisser la porte ouverte aux français. Quand les injections seront proposées à tout le monde, pourquoi empêcher de voyager ceux qui le pourraient ?
Pour que ceux qui le veulent, puissent se rendre dans les pays réclamant un certificat de vaccination. A l’instar des autres vaccins, les français auront le choix de se faire vacciner ou de ne pas se rendre dans les pays qui le demandent.
Mais quand nos voisins européens ou plus lointains exigeront ce passeport sanitaire, il ne faudrait pas que nous, français, soyons coincés à l’intérieur de nos frontières parce que nous n’avons pas voulu l’envisager…